Sur les grèves
Emile Verhaeren 1855 (Sint-Amands) – 1916 (Rouen)
Sur ces plages de sel amer
Et d'âpre immensité marine,
Je déguste, par les narines,
L'odeur d'iode de la mer.
Quels échanges de forces nues
S'entrecroisent et s'insinuent,
Avec des heurts, avec des bonds,
A cette heure de vie énorme,
Où tout s'étreint et se transforme
Les vents, les cieux, les flots, les monts !
Et c'est fête dans tout mon être :
L'ardeur de l'univers
Me rajeunit et me pénètre.
Que m'importe d'avoir souffert
D'avoir raclé mon coeur avec la chaîne
- Qui vient et va - de la douleur humaine,
Que m'importe ! - je sens
Mon corps renouvelé vibrer de joie entière
D'être trempé vivant et sain
Dans ce brassin
De formidable et sauvage matière.
Le roc casse le flot, le flot ronge le roc.
Un silence se fait : le choc
Des gros tonnerres d'eau ébranlent les falaises ;
Une île au loin se nourrit de la mer
Et monte d'autant plus que les grèves s'affaissent.
Le sable boit le soleil clair
- Oh revenir aux aurores du monde ! -
Tout se conforte, tout se détruit, tout se féconde.
On vit un siècle en un instant.
Et qu'importe ce deuil du temps :
La mort !
Sans elle
Jamais l'éternité n'apparaîtrait nouvelle ;
Homme qui tue et qui engendre
Il faut apprendre
A jouir de la mort.
La mort, la vie et leur ivresse !
Oh toutes les vagues de la mer !
Cercueils fermés, berceaux ouverts,
Gestes d'espoir ou de détresse,
Les membres nus, le torse au clair,
Je m'enfonce soudain, sous vos caresses rudes,
Avec le désir fou
De m'en aller, un jour, jusques au bout,
Là-bas, me fondre en votre multitude !
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 05, 2023
- 1:27 min read
- 57 Views
Quick analysis:
Scheme | ABCD CECFFC GCGEXBCGXBG HHCDEDEEE CEIIAAE CDCCDCXEE |
---|---|
Closest metre | Iambic pentameter |
Characters | 1,530 |
Words | 270 |
Stanzas | 6 |
Stanza Lengths | 4, 6, 11, 9, 7, 9 |
Translation
Find a translation for this poem in other languages:
Select another language:
- - Select -
- 简体中文 (Chinese - Simplified)
- 繁體中文 (Chinese - Traditional)
- Español (Spanish)
- Esperanto (Esperanto)
- 日本語 (Japanese)
- Português (Portuguese)
- Deutsch (German)
- العربية (Arabic)
- Français (French)
- Русский (Russian)
- ಕನ್ನಡ (Kannada)
- 한국어 (Korean)
- עברית (Hebrew)
- Gaeilge (Irish)
- Українська (Ukrainian)
- اردو (Urdu)
- Magyar (Hungarian)
- मानक हिन्दी (Hindi)
- Indonesia (Indonesian)
- Italiano (Italian)
- தமிழ் (Tamil)
- Türkçe (Turkish)
- తెలుగు (Telugu)
- ภาษาไทย (Thai)
- Tiếng Việt (Vietnamese)
- Čeština (Czech)
- Polski (Polish)
- Bahasa Indonesia (Indonesian)
- Românește (Romanian)
- Nederlands (Dutch)
- Ελληνικά (Greek)
- Latinum (Latin)
- Svenska (Swedish)
- Dansk (Danish)
- Suomi (Finnish)
- فارسی (Persian)
- ייִדיש (Yiddish)
- հայերեն (Armenian)
- Norsk (Norwegian)
- English (English)
Citation
Use the citation below to add this poem to your bibliography:
Style:MLAChicagoAPA
"Sur les grèves" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 8 Jun 2024. <https://www.poetry.com/poem/11385/sur-les-grèves>.
Discuss the poem Sur les grèves with the community...
Report Comment
We're doing our best to make sure our content is useful, accurate and safe.
If by any chance you spot an inappropriate comment while navigating through our website please use this form to let us know, and we'll take care of it shortly.
Attachment
You need to be logged in to favorite.
Log In