Analysis of Ce qui n'a pas encore de nom
Victor Marie Hugo 1802 (Besançon) – 1885 (Paris)
Qui que tu sois, écoute : Il est.
Renonce !
L'ombre est la question, le monde est la réponse.
Il est. C'est le vivant, le vaste épanoui !
Ce que contemple au loin le soleil ébloui,
C'est lui. Les cieux, vous, nous, les étoiles, poussière !
Il est l'oeil gouffre, ouvert au fond de la lumière,
Vu par tous les flambeaux, senti par tous les nids,
D'où l'univers jaillit en rayons infinis.
Il regarde, et c'est tout. Voir suffit au sublime.
Il crée un monde rien qu'en voyant un abîme ;
Et cet être qui voit, ayant toujours été,
A toujours tout créé de toute éternité.
Quand la bouche d'en bas touche à ce nom suprême,
L'essai de la louange est presque lé blasphème.
Pas d'explication donc ! Fais mettre à genoux
Ta pensée, et deviens un regard, comme nous.
Pourquoi chercher les mots où ne sont plus les choses ?
Le vil langage humain n'a pas d'apothéoses.
Ce qu'Il est, est à peine entrevu du tombeau.
Il échappe aux mots noirs de l'ombre. On aurait beau
Faire une strophe avec les brises éternelles,
Et, pour en parfumer et dorer les deux ailes,
Mettre l'astre dans l'une et dans l'autre la fleur,
Et mêler tout l'azur à leur splendide ampleur,
On ne peindrait pas Dieu. Songeur, qu'on le revête
De bruit et d'aquilon, de foudre et de tempête ;
Qu'on le montre éveillé, qu'on le montre dormant,
Sa respiration soulevant doucement
Toutes les profondeurs de toute l'étendue,
Remuant la comète au fond des cieux perdue,
Le vent sur son cheval, la mort sur son éclair,
Et le balancement monstrueux de la mer,
On ne le peindra pas. Lui ! Lui ! l'inamissible,
L'éternel, l'incréé, l'imprévu, l'impossible,
Il est. La taupe fouille et creuse, et l'aperçoit ;
L'ombre dit à la taupe : es-tu sûre qu'il soit ?
La taupe répond : Dieu ! Dieu de l'aigle est la proie.
Suppose que sur terre un seul être en Dieu croie,
Cet être, si jamais le soleil s'éclipsait,
Remplacerait l'aurore. Et sais-tu ce que c'est
Que le fauve ouragan, tonnant et formidable ?
C'est, dans les profondeurs du gouffre inabordable,
L'infini murmurant : je l'aime ! à demi-voix ;
Quand l'étoile rayonne, elle dit : je le vois !
Tout le cri, tout le bruit et tout l'hymne de l'homme
Avorte à dire Dieu ! Le baiser seul le nomme.
J'aime ! -
Scheme | A BBXCDDBBEFFAFFBBBBEXBBXDFFXAAXGGCCAADDAXCCBBXE X |
---|---|
Poetic Form | |
Metre | 11111101 1 1011100101111 101101011 111110011 11011111111 101111111111 1111111111 1111111 1111111101 111111111111 11111111 0111111 11111111111 1111011111 110101111 1111110111 1111111111 011110111 11101011111 1111111111 1111111 1111110111 111111111 11111111 11111111011 1111111111 11011110110 101011 1111111 1111111101 0111111111 1011111 1101110101 1111110100 10111111111 11111111111 111111110111 011110111111 111100111 11111111 1011111000 1111111 11111101 111111101 101101111111 11101101 11 |
Closest metre | Iambic heptameter |
Characters | 2,264 |
Words | 381 |
Sentences | 35 |
Stanzas | 3 |
Stanza Lengths | 1, 46, 1 |
Lines Amount | 48 |
Letters per line (avg) | 34 |
Words per line (avg) | 8 |
Letters per stanza (avg) | 537 |
Words per stanza (avg) | 134 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 05, 2023
- 2:07 min read
- 38 Views
Citation
Use the citation below to add this poem analysis to your bibliography:
Style:MLAChicagoAPA
"Ce qui n'a pas encore de nom" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 10 Jun 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/37645/ce-qui-n%27a-pas-encore-de-nom>.
Discuss this Victor Marie Hugo poem analysis with the community:
Report Comment
We're doing our best to make sure our content is useful, accurate and safe.
If by any chance you spot an inappropriate comment while navigating through our website please use this form to let us know, and we'll take care of it shortly.
Attachment
You need to be logged in to favorite.
Log In