Analysis of Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent
Victor Marie Hugo 1802 (Besançon) – 1885 (Paris)
Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.
Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime.
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.
C'est le prophète saint prosterné devant l'arche,
C'est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche.
Ceux dont le coeur est bon, ceux dont les jours sont pleins.
Ceux-là vivent, Seigneur ! les autres, je les plains.
Car de son vague ennui le néant les enivre,
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.
Inutiles, épars, ils traînent ici-bas
Le sombre accablement d'être en ne pensant pas.
Ils s'appellent vulgus, plebs, la tourbe, la foule.
Ils sont ce qui murmure, applaudit, siffle, coule,
Bat des mains, foule aux pieds, bâille, dit oui, dit non,
N'a jamais de figure et n'a jamais de nom ;
Troupeau qui va, revient, juge, absout, délibère,
Détruit, prêt à Marat comme prêt à Tibère,
Foule triste, joyeuse, habits dorés, bras nus,
Pêle-mêle, et poussée aux gouffres inconnus.
Ils sont les passants froids sans but, sans noeud, sans âge ;
Le bas du genre humain qui s'écroule en nuage ;
Ceux qu'on ne connaît pas, ceux qu'on ne compte pas,
Ceux qui perdent les mots, les volontés, les pas.
L'ombre obscure autour d'eux se prolonge et recule ;
Ils n'ont du plein midi qu'un lointain crépuscule,
Car, jetant au hasard les cris, les voix, le bruit,
Ils errent près du bord sinistre de la nuit.
Quoi ! ne point aimer ! suivre une morne carrière
Sans un songe en avant, sans un deuil en arrière,
Quoi ! marcher devant soi sans savoir où l'on va,
Rire de Jupiter sans croire à Jéhova,
Regarder sans respect l'astre, la fleur, la femme,
Toujours vouloir le corps, ne jamais chercher l'âme,
Pour de vains résultats faire de vains efforts,
N'attendre rien d'en haut ! ciel ! oublier les morts !
Oh non, je ne suis point de ceux-là ! grands, prospères,
Fiers, puissants, ou cachés dans d'immondes repaires,
Je les fuis, et je crains leurs sentiers détestés ;
Et j'aimerais mieux être, ô fourmis des cités,
Tourbe, foule, hommes faux, coeurs morts, races déchues,
Un arbre dans les bois qu'une âme en vos cohues !
Scheme | AABBCCDDEECCEEFFXBGGEEHHEEFFAA GGIIBBEEEEEEEE |
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Poetic Form | |
Metre | 1111111111 11111111101 11111101111 1111111101 111111111 11111111 10111111 1011111 1101011111111 111111111 111101001111 101111111 1111111 011111111 11111111 11111111 111111111111 101110110111 111111111 1111111111 111101111 1010111111 11111111111 01110111111 1111111111111 1111111111 101111111 11111011111 1111111101 1111111111 111111111 111101111111 11011111111 111001111 110111111 110111111 1111111110 111111111 111111111111 11111111 11111111111 11111111 1111111011 1111111111 |
Closest metre | Iambic hexameter |
Characters | 2,229 |
Words | 375 |
Sentences | 23 |
Stanzas | 2 |
Stanza Lengths | 30, 14 |
Lines Amount | 44 |
Letters per line (avg) | 37 |
Words per line (avg) | 9 |
Letters per stanza (avg) | 825 |
Words per stanza (avg) | 194 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on April 27, 2023
- 2:01 min read
- 180 Views
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Style:MLAChicagoAPA
"Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 18 Oct. 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/37655/ceux-qui-vivent%2C-ce-sont-ceux-qui-luttent>.
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